lundi 24 février 2014

L'appel de la poudreuse

Passons sur les péripéties du voyage qui n’intéressent personne ; sachez juste que la nuit fut courte et inconfortable. Normal, c'est un voyage. Pour ceux que cela passionne, je peux détailler en toute privauté le détail du parcours.

A l'aéroport de Shrinagar - imprononçable, il faut dire chrinagar en chuintant longuement -, après de multiples contrôles, Farooq, chauffeur ventripotent d'Hivermonde nous attendait, fièrement, au pied de sa Tata jeep. Embarquement immédiat pour 2 heures de route sereine pour Gulmarg à 52 km de là. Et tout de suite, une impression bizarre : la ville est envahie par les militaires. Ils sont partout : en voiture, en camions, en hélicoptère aussi, dans des casemates, au carrefour des routes, au sommet des pistes (si, si !). Les uniformes pullulent, la mitraillette en bandoulière, le regard noir et scrutateur. Et si par hasard, un officiel déboule, alors là, la fourmilière se déchaine. Comptez un minimum de 6 voitures pour le protéger. On l'aura compris, les indiens sont fébriles entre les Kashmiris indépendantistes et les pakistanais juste à côté. Ils ont raison, la plupart des Kashmiris ne les aiment pas et revendiquent leur indépendance... si possible selon les frontières d'avant 1947. Allez, je vous mets la carte pour vous montrer l'explosivité (c'est nouveau, je sais) de la zone.
Le Cachemire est à cheval entre le Pakistan et l'Inde, avec une frontière (et quelques Kashmiris en Chine). Côté Indien, le Cachemire fait partie de l'état Jammu et Kasmir (avec le Ladakh). Srinagar et Gulmarg sont à la même latitude qu'Islamabad et Kaboul. Le Cachemire est ultra majoritairement musulman d'obédience sunnite (si j'ai bien retenu).
Placide, le chauffeur fonce. Tout en vociférant dans son téléphone portable. La prochaine fois, je laisserai la place à l'avant pour Benoît, il a les oreilles moins fragiles.  Un arrêt chaines plus tard (rigolo, il ne mette qu'une chaine, sur le pneu arrière droit, celui au centre de la chaussée), nous nous élevons rapidement. Plus que 12 km avant d'atteindre les 2600 mètres de la station. Les pins himalayens sont immenses, ils se dressent fièrement et semblent gratouiller le ciel.

 Peu de femmes dans les rues, obédience musulmane oblige. Les hommes vaquent à leurs occupations (lesquelles ?) en djellabas locales. Le nombre de manchots est considérable. Ah non ! ils n'utilisent pas les manches et gardent leurs petites mains précieusement au chaud sous leur manteau d'hiver. Drôle d'effet tout de même. Ils ont même des petits paniers en osier emplies de braise rougeoyante, sous leur manteau, pour lutter contre le froid.

Jolis longs manteaux sous la neige.
La communication s'avère et s'avèrera problématique.
 "combien de temps pour monter à Gulmarg ?"
"oh oui, nous avons beaucoup de neige."

Qui a le plus mauvais accent ? Je ne sais mais accents indien et français semblent incompatibles. Les enfants, plus philosophes, renonceront très vite. Ils ne feront des efforts que pour commander boissons et nourritures. L'instinct de survie. Et aussi pour leur équipement de ski. L'instinct de ski.

A ce propos, nous avons eu du très bon matériel. Skis larges, légers. Arva-pelle-sonde. Casque. Parfait. Et un guide pour nous accompagner. Ben oui, Gulmarg, c'est du ski hors piste. Aucune piste damée. Un "La Grave" vallonné. Mais avec des gros risques d'avalanches qui amènent les pisteurs à fermer la station pour plusieurs jours. Nous fûmes vernis : aucun jour de fermeture pour nous malgré de légères chutes de neige, bien légère et moelleuse. Hummm.
Seule la zone verte est contrôlée. Elle est desservie par des œufs. Les combes de part et d'autre sont accessibles à pied mais il ne faut pas compter sur les secours en cas de problème.
 Pour la partie ski, vous verrez le film, quand il sera monté. En résumé, c'était bien. Très bien. De la bonne neige, du beau temps la plupart du temps, des sauts pour les enfants... bref, ravis.

Le seul intérêt de l'image ? l'orientation avec la flèche qui indique le Nord (ce qui explique que l'on puisse voir le Nanga Parbat). Et aussi, le côté faussement débonnaire de la colline de ski.



Nous avons skié en famille sauf une journée où nous avons importuné les profs des enfants, Alan et Sue. Les kids ont frimé tant et plus pour les impressionner : sauts, 180, 360, gamelles (multiples)... tout leur arsenal y est passé. Ils étaient contents - les enfants - ils n'avaient pas trop perdus.

Au retour, nous nous sommes arrêtés dans la belle famille de Farooq, l'étudiant de Patrick. La femme de Farooq était présente. Heureusement. Je comprenais bien son anglais. Moins bien celui de son père, fort bavard. L'hospitalité Kashmiri est phénoménale : interdiction de se lever, d'aider... et en plus, on reçoit des cadeaux. Nous nous sommes faits gronder car nous ne restions qu'une nuit. La prochaine fois, nous devons y rester 3 jours. Cela inquiète les enfants : 3 jours à rester assis, à discuter et à manger (beaucoup et très bien) ne les excite pas des masses.

Dans leurs maisons, pas de meuble. Des tapis, des coussins, des matelas rangés la journée. Les femmes cuisinent pendant des heures pour les hôtes. Les hôtes sont gavés et choyés : petite bassine pour se laver les mains (à l'eau chaude svp), bouillotte dans le lit, environ 8 plats différents pour le repas du soir, 6 pour le petit déjeuner... 3 kg en une nuit, en faisant attention, est un minimum.

Pendant ce temps-là, Patrick essuyait un temps de cochon à Katmandou : pluie le premier week-end (avec de la neige à Shivapuri, 600 mètres au dessus de la ville), rebelote le samedi suivant. Cela ne l'a pas empêché de faire du vélo les deux fois, avec son pote Steve et d'enchainer les cols... 8 heures de vélo par jour, 4 cols par sortie, en short et T-shirt... vous voyez le genre. Il nous propose de l'accompagner ce WE. Vous en pensez quoi ?




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